Bernard Pisani a parfaitement compris ce qu'était l'essence fragile des Pêcheurs de Perles : un délicat chromo ancien, doté d'un livret tellement bourré de poncifs que même ses auteurs, Michel Carré et Eugène Cormon, s'en sont excusés des années plus tard, affirmant que s'ils avaient su que le jeune Georges Bizet (à peine 25 ans à l'époque) avait tellement de talent, ils auraient mieux soigné leur travail, le tout magnifié par une merveilleuse musique, sensuelle et envoûtante.

Le metteur en scène français opte donc pour un premier degré décomplexé, où les personnages ne sont que ce qu'ils sont : Nadir, une tête brûlée aux poses avantageuses, Leïla, une petite chose douce et cependant déterminée, Zurga, un bloc de bons ou mauvais sentiments selon les moments, dans une Ceylan de carte postale, où le compositeur n'avait jamais mis les pieds.

- Opéra Magazine - Catherine Scholler

Bernard Pisani a manifestement choisi de ne pas trop s’attarder sur cette histoire à dormir debout et de la traiter à l’image des grandes sagas bollywoodiennes : un flot de couleurs portées par des costumes chatoyants, des mouvements de foules, des danses langoureuses et de belles lumières safranées enveloppent le drame d’un packaging séduisant et accessible. Sa proposition est simple et efficace, recyclant des éléments du langage théâtral baroque, stylisé jusqu’à l’abstraction avec notamment ces vagues qui évoluent sur le plateau, révélant ou au contraire faisant disparaître les personnages.

- Resmusica.com - Steeve Boscardin