24 octobre 2015
Cette production de ZÉMIRE & AZOR (La Belle et La Bête) de André-Modeste Grétry a été proposée à Bernard Pisani (mise en scène, texte et chorégraphie) par l’Opéra Royal de Wallonie à l’occasion du bicentenaire de la disparition du célèbre compositeur belge dont la statue orne la place de l’Opéra de Liège.
Parmi les œuvres majeures de Grétry citons, outre ZÉMIRE & AZOR, L’AMANT JALOUX (1778), ANDROMAQUE (1780) et RICHARD COEUR-DE-LION (1784) qui demeure, peut-être à ce jour, la plus célèbre de ses œuvres !
Interview
En quoi consiste cette adaptation de ZÉMIRE & AZOR ?
Il ne s’agit bien sûr pas de proposer ici une réinterprétation de l’œuvre qui a pour thème LA BELLE ET LA BÊTE.
Cet ouvrage, assez long dans sa version originale, est destiné plus particulièrement au jeune public, il fallait donc ramener l’œuvre à une heure dix maximum afin de conserver intacte l’attention des jeunes et éviter sa dispersion.
J’ai donc fait la proposition suivante: supprimer intégralement le texte, certes charmant mais un peu trop marqué par l’époque, et le remplacer par un narrateur afin que l’histoire soit racontée d’une façon claire, précise et peut-être plus originale.
La rose, départ de l’intrigue, cueillie par Sander dans le jardin d’Azor déstabilise la vie de celui-ci.
La difficulté était de coller au style musical de l’époque et à la poésie du thème tout en y apportant la modernité d’aujourd’hui. Chaque phrase écrite fût donc pesée au profit d’une narration vive et accessible à tous. Et c’est ainsi que le narrateur rejoignit, sur scène, les autres personnages de cette féérie.
Finalement, le texte est de moi (rires) …
En plus de cela, vous mettez en scène …
C’est exact et je chorégraphie. J’ai un passé de danseur à l’Opéra de Paris. J’ai proposé quatre danseurs qui sont tantôt des animaux de la forêt, tantôt les majordomes d’Azor. Ils sont omniprésents dans le spectacle au même titre que les chanteurs et le narrateur.
Un narrateur, des danseurs, cela donne un côté un plus ludique ?
En effet, le mot est bien choisi. Cela donne ce côté livre d’images qui rappelle un peu LA BELLE ET LA BÊTE de Cocteau. Ce film magnifique et poétique m’est resté en tête durant tout mon travail d’écriture.
J’ai aussi eu l’occasion d’assister dernièrement à Paris, au Théâtre Mogador, à la représentation de la comédie musicale éponyme. Formidable ! Et je viens de voir le film de Christophe Gans, avec Vincent Cassel et Léa Seydoux. J’ai beaucoup apprécié ces deux versions et me voici aujourd’hui totalement imprégné de cette histoire.
L’oeuvre de Grétry est-elle toujours d’actualité ?
Bien sûr ! Il n’y a rien à changer ! Je ne me permettrais jamais d’y toucher. Nous avons juste, avec le Chef d’orchestre Guy Van Waas, procédé à quelques coupures, ceci dû au fait que le spectacle s’adresse au jeune public. J’ose le dire, autant la musique est superbe, autant le texte qui fait partie intégrante de l’oeuvre manque furieusement de dynamique.
Est-ce la première fois que vous mettez en scène un spectacle pour des enfants ?
Pour le jeune public, c’est en effet la première fois. Mais je n’ai pas pensé « jeune public » en travaillant sur cet ouvrage, car les enfants d’aujourd’hui ne sont pas les enfants d’hier ni d’avant hier … De plus ils sont accompagnés de leurs professeurs et de leurs parents. Et puis au cours de ces dix représentations, certaines sont estampillées « tout public ». Je ne me suis pas privé en revanche de faire appel à certains effets magiques dont le jeune public est particulièrement friand, mais il n’y a pas d’infantilisation dans ma démarche.
Ce spectacle “jeune public” est-il l’antichambre d’une sensibilisation à l’art lyrique ?
Je suis convaincu que l’on peut inciter le jeune public à apprécier l’art lyrique. J’ai monté de nombreux spectacles d’opéra et je suis heureux lorsque des collégiens ou des lycéens assistent aux répétitions et aux représentations. Ils sont passionnés, ils posent des questions amusantes et intéressantes. Il faut aussi leur faire découvrir les coulisses des théâtres, les ateliers et leurs métiers pour qu’ils « apprivoisent » l’opéra. C’est un travail pédagogique long mais enrichissant.
Propos publiés le 14 avril 2014 sur le blog de l’Opéra Royal de Wallonie
www.operaliege.be/blog/2014/04/14/rencontre-bernard-pisani/
Crédits
Adaptation de Bernard Pisani d’après le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont “LA BELLE ET LA BÊTE”.
Direction musicale : Guy van Waas
Décors et costumes : réalisation de Jérôme Bourdin d’après une création originale de Frédéric Pineau
Orchestre : Opéra Royal de Wallonie, Liège